Selon Sputnik, le projet Nord Stream-2 prévoit la construction de deux nouveaux tronçons du gazoduc transbaltique dont la capacité sera portée à 110 milliards de m3 par an. Nord Stream —2 devra acheminer le gaz à Baumgarten, en Autriche, pour éviter le transit via l’Ukraine. La construction doit être achevée en 2019. Pourtant la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie s’y opposent car il y a la peur d’une plus grande influence russe au sein de l’Union Européenne.
Le nouveau double gazoduc traversera la mer Baltique et terminera son chemin en Allemagne ayant pour but l’approvisionnement du marché européen avec 55 milliards . m³ de gaz par an en doublant les quantités de gaz russe transites à travers l’Allemagne . Le consortium du « Nord Stream 2 » implique , en plus de Gazprom , qui détient 50 % de parts de capitaux, encore 5 grands groupes européens de l’énergie : les groupes allemands EON et BASF , l’ autrichien OMV , l’hollandais « Shell » et le français « ENGIE » , avec 10 % chacun de parts.
Plusieurs pays européens, notamment la Pologne, la Slovaquie, mais aussi l’Ukraine, s’opposent au projet Nord Stream-2. Le premier ministre d’Ukraine Arseni Iatseniouk avait déclaré plus tôt que la réalisation du projet amputerait le budget ukrainien de 2 milliards de dollars de revenus provenant du transit du gaz russe. Il a demandé à l’Union européenne de renoncer à ce projet qui lésait selon lui les intérêts ukrainiens.
Dear Gazprom, Nord Stream 2 to pass through EU Baltic Sea territorial & economic zone waters, so EU law does apply ! pic.twitter.com/fNY1DYnNDL
— Jacek Saryusz-Wolski (@JSaryuszWolski) 22 Décembre 2015
Ce projet alimente la controverse en ce qui concerne l’antagonisme Russe et les puissances pro-USA comme la Pologne, la Slovaquie et la République Tchèque et surtout l’Estonie vues comme des satellites USA aux frontières russes , sur le contrôle de l’approvisionnement énergétique de l’UE , un débat qui a ouvert “ses portes” ces derniers mois , à la suite de l’ annonce officielle du fondateur de la gestion du consortium « Nord Stream 2 » en Septembre dernier.
Explications géopolitiques et contexte de ce dilémme

Neuf pays d’Europe de l’Est, menés par la Pologne et la Slovaquie, ont écrit récemment au président du Conseil européen Donald Tusk pour demander que ce projet soit discuté lors du prochain sommet européen, avec pour objectif de le bloquer. La Pologne a commencé à s’approvisioner du gaz naturel qatari liquéfié ses dernières semaines.
Il y a deux grandes familles de raisons. La première est d’ordre géopolitique :
- Les pays de Viségrad et les pays Baltiques craignent beaucoup la Russie et ont une orientation géopolitique à l’opposé d’elle. Ces pays sont par ailleurs très dépendants de Moscou pour leurs approvisionnements gaziers.
- Il y a par ailleurs des raisons économiques : toute une série de pays d’Europe orientale comme la Hongrie ou la Slovaquie qui se trouvent sur le trajet des gazoducs terrestres russes ont un poids relativement important dans le transit de gaz Russie-Europe occidentale et qui, avec le doublement de la capacité de Nord Stream, se retrouveraient amoindris dans le jeu gazier européen.

A l’heure actuelle, les infrastructures gazières terrestre et maritime dont Nord Stream 1 – sont a priori suffisantes pour les besoins européens. On a vu que quand le gazoduc South Stream a été annulé à la fin de l’année dernière, les pays d’Europe du Sud comme l’Italie qui devaient être les destinataires finaux du gaz n’ont pas été si affectés que cela. Ces pays voient se profiler de plus en plus la baisse de leur demande, qui est consécutive à la crise et une stagnation de leur production électrique.
Selon les pays, il y a en outre un modèle de transition énergétique où on veut aller soit vers de plus en plus de renouvelables, soit vers une modification des réseaux pour limiter la production électrique en conservant la même consommation ; en tout cas diminuer la consommation d’hydrocarbures. On se retrouve ainsi avec une projection de demande globale en gaz qui, si elle est à la hausse, le sera de manière très limitée, voire pourrait se retrouver à la baisse.
En gros,le cas de Nord Stream 2 reflète clairement certains des dilemmes les plus importants liés à l’énergie et la politique future de l’UE sur la question de l’énergie .
- Ses partisans présentent le projet comme une entreprise purement commerciale – bénéfique pour le marché européen du gaz et de l’augmentation de la sécurité des livraisons par le pays (Russie) fournisseur le plus important et le moins cher . Ils font valoir qu’il n’y a pas de raison de « politiser » le projet .
- Ses adversaires en revanche disent que ce projet est en contradiction avec les objectifs de la politique énergétique de l’UE , tels qui ont été définis par exemple dans le document de l’Union de l’énergie présenté par la Commission européenne en Février et la volonté à long terme de conduire à une augmentation de la domination russe sur le marché gazier européen.
Le président slovène Andrej Kiska a dit récemment qu’il est préoccupé par le fait que la Slovaquie et l’Ukraine perdent leur statut de pays de transit clés pour délivrer du gaz russe à l’Union européenne . Il a également exprimé des doutes que le projet est purement commerciale . En tout cas, c’est plus une question d’argent :Nord Stream 2 augmenterait les options pour la partie russe de choisir les itinéraires optimaux pour fournir son gaz aux points de livraison convenus avec ses consommateurs de l’UE .
Selon Energy Global, ce projet permettra à Gazprom d’augmenter sa part sur les moyeux et sa capacité à influer sur les prix . L’option de fournir jusqu’à 110 milliards de mètres cubes de gaz sur le marché allemand , tout en conservant la possibilité de fournir ce marché par d’autres voies ( Yamal- Europe ou l’Ukraine , la Slovaquie et la République tchèque ) va renforcer la position et l’influence de Gazprom sur le marché du Nord-Ouest européen . À son tour , le coordinateur spécial de l’Allemagne pour la politique énergétique Gernot Erler a déclaré que le développement du projet Nord Stream 2 contribuerait à assurer la sécurité énergétique en Europe .
Par ailleurs, il y a d’autres voies d’approvisionnement comme la voie algérienne qui passe par un triple système : l’Espagne, l’Italie ou, si l’on parle de gaz naturel liquéfié, par la France. Il y a des productions gazières sur le continent européen lui-même, notamment aux Pays-Bas et en Norvège et l’on peut même penser à d’autres sources (Azerbaïdjan, Méditerranée orientale, Golfe persique, etc.). Il est bien évident qu’avec les problématiques qui se posent entre la Russie et l’Ukraine, et notamment le fait que la Russie a annoncé à plusieurs reprises qu’elle allait arrêter ses livraisons de gaz à l’Ukraine tant que qu’ils n’auraient pas payé leurs factures.
Lisez plus:
#Merkel defends Nord Stream-2 pipeline https://t.co/Z8Hcv5PgZq #NordStream2 pic.twitter.com/9IAZAji6uE
— RT (@RT_com) 18 Décembre 2015
- POURQUOI LA TURQUIE MISE BEAUCOUP SUR SES RELATIONS AVEC LES QATARIS?
- L’AVENIR ÉNERGÉTIQUE DE L’ALGÉRIE DEVRAIT ÊTRE DANS LE SOLAIRE OU DANS L’EXPLOITATION GAZ DE SCHISTE
Etudes:
L’énergie diplomate : Enjeux et effets de la diplomatie énergétique de la Fédération de Russie
A REGION DISUNITED? Central European Responses to the Russia-Ukraine Crisis
Addressing the Russian Energy Challenge: Why Regulation Trumps Geopolitics
Sources françaises: IRIS, Sputnik, Le Figaro.fr
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