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Pourquoi les nouvelles sanctions contre la Russie pourraient être contre-productives pour l’Europe.

“Les nouvelles sanctions votées le 25 juillet par les Etats-Unis à l’encontre de la Russie, de l’Iran et de la Corée du Nord contredisent le droit international”, selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères publié le 26 juillet. Le président américain a promulgué mercredi 2 août les nouvelles sanctions économiques contre la Russie, adoptées par le Congrès pour punir Moscou de l’ingérence dans l’élection présidentielle américaine, a annoncé la Maison Blanche.

“Ce projet de loi, s’il était promulgué, permettrait l’édiction de mesures à l’encontre de personnes physiques ou morales européennes (…) De ce fait, la portée extraterritoriale de ce texte apparaît illicite au regard du droit international”, a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay Agnès Romatet. “Pour nous prémunir contre les effets extraterritoriaux de la législation américaine (ou d’autres législations), il nous faudra travailler à la fois à l’adaptation de nos dispositifs nationaux et à l’actualisation des dispositifs européens”

Le Sénat américain a voté à une large majorité  en faveur d’un alourdissement des sanctions imposées à la Russie, à l’Iran et à la Corée du Nord, malgré des objections du président Donald Trump sur le sujet. Jusqu’à présent, le régime de sanctions contre Moscou en raison de la Crimée a été coordonné des deux côtés de l’Atlantique, de façon à faire bloc. Les nouvelles sanctions au sujet de la Russie concernent son ingérence présumée dans les élections américaines et ses agressions en Ukraine.

  • Les principales victimes risquent bien d’être les chers alliés européens, tant aimés de l’Amérique, notamment l’Allemagne et la France.

Après que la Chambre des représentants du Congrès américain a voté en faveur d’un alourdissement des sanctions contre Moscou, Téhéran et Pyongyang, la France a réagi en soulignant que la portée «extraterritoriale» de celles-ci contrevenait aux principes du droit international. Le ministère des Affaires étrangères français a estimé qu’un ajustement des droits français et européen était désormais nécessaire, afin d’anticiper les effets des sanctions américaines sur l’économie et les citoyens de l’Union européenne (UE).

Selon le Monde, l’élargissement de l’UE repose sur les valeurs du libre-échange pour garantir la sécurité collective et promouvoir un projet civilisationnel fondé sur la paix démocratique et libérale. Mais l’élargissement simultané de l’OTAN, sans intégrer la Russie, a provoqué un retournement dans l’UE où la politique sécuritaire est devenue la garantie du développement socio-économique. Les déclarations des Occidentaux sur le retour de la Crimée à l’Ukraine afin de lever les sanctions économiques résonnent étrangement.

France 24 ajoute que plusieurs pays européens, à commencer par l’Allemagne, sont furieux, car la loi donnerait au président américain la possibilité de sanctionner les entreprises qui travaillent sur des pipelines venant de Russie, en limitant par exemple leur accès aux banques américaines ou en les excluant des marchés publics aux États-Unis. Cette disposition pourrait en théorie ouvrir la voie à des sanctions contre les groupes européens partenaires du projet de gazoduc Nord Stream 2, qui doit accélérer l’acheminement de gaz russe vers l’Allemagne à partir de 2019. Sont notamment concernés le français Engie, les allemands Uniper (ex-EON) et Wintershall (BASF), l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell. Jusqu’à présent, la ligne rouge fixée par Washington et Bruxelles avait été que les sanctions n’affectent pas l’approvisionnement en gaz de l’Europe.

***Petit détail : les sociétés américaines sont prêtes à donner un coup de main à leurs amis allemands en leur vendant leur propre gaz naturel, obtenu par fracturation, beaucoup plus cher.

En même temps, le président français, Emmanuel Macron, s’est positionné comme un éventuel arbitre pour faciliter une réduction des tensions entre les États-Unis et la Russie, une démarche qui a du sens pour la France, mais qui peut provoquer les faucons officiels de Washington qui veulent intensifier la nouvelle guerre froide.

Tout en prêchant la « libre compétition » au monde entier, les Etats-Unis prennent constamment des mesures pour l’entraver. Les Etats-Unis se comportent parfois en gangster en toute impunité parce que pendant de longues années ils ont crée un vaste labyrinthe juridique, impénétrable et capable de s’imposer à la vie économique du « Monde Libre » grâce à l’omniprésence du dollar, des capacités de renseignement sans pareil et l’intimidation pure et simple.

  • Détruire l’économie européenne

Pour être plus précis le journal le Grand Soir nous explique:

Plus d’une dizaine de banques européennes se sont trouvées dans le collimateur moralisant étasunien (anglaises, allemandes, françaises, néerlandaises, suisses), qui vise les grands pays, tandis que l’influence américaine écrasante dans des pays du Nord-Est – Pologne, les Etats Baltes et même la Suède – empêche l’Union Européenne de prendre des mesures d’autodéfense contraires aux intérêts américains.

Le plus gros poisson dans cette expédition de pêche risque d’être la Deutsche Bank. Actuellement, la Deutsche Bank fait l’object de poursuites pour avoir participé aux spéculations sur les subprimes aux Etats-Unis. Selon Pierre Lellouche, « la Deutsche Bank va être redressée pour un montant de 14 milliards de dollars alors qu’elle en vaut 5 et demi. Surtout, elle est exposée à hauteur de l’équivalent de treize fois le PIB de l’Allemagne. Autrement dit, si cette affaire va à son terme, on risque par un effet de dominos, une crise financière majeure en Europe. »

Bruxelles travaille à une riposte sous plusieurs angles, comme le précise une note interne à la Commission, datée du 19 juillet et dévoilée par « Politico » et le « Financial Times ». Préparé à la demande de Jean-Claude Juncker, très préoccupé par ce dossier, la note estime que les sanctions américaines pourraient « impacter beaucoup d’entreprises européennes traitant en toute légitimité avec des entreprises russes dans les transports ferrés et maritimes, la finance ou le secteur minier. » Elle invite « se tenir prêt à réagir dans les prochains jours » et esquisse des pistes de riposte.

  • Les représailles russes 

En réponse aux nouvelles sanctions des États-Unis, la Russie souhaite réduire sa dépendance des systèmes de paiement américains et du dollar, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. Egalement, selon Sputnik, la Russie et l‘Iran, se sont entendus pour renforcer leur coopération militaro-technique et technologique après l’adoption par les États-Unis de nouvelles sanctions contre les deux pays.

Prenant acte des nouvelles sanctions imposées par Washington, Moscou cherche à devenir moins dépendante des systèmes de paiement américains et du dollar en tant que devise de compte, a affirmé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, dans un entretien accordé au magazine russe Mejdounarodnaïa Jizn («Vie internationale»).

Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé,début août, une politique « dangereuse » et « à courte vue » de Washington, après la promulgation par le président américain Donald Trump de nouvelles sanctions contre la Russie.

« C’est une ligne politique à courte vue et même dangereuse qui risque de miner la stabilité (dans le monde, ndlr) dont Moscou et Washington sont particulièrement responsables », a déclaré le ministère dans un communiqué.

« Nous avons déjà montré que nous n’allions pas laisser sans riposte des actes hostiles (…) et nous nous réservons bien évidemment le droit à d’autres mesures de rétorsion », a ajouté la diplomatie russe.

La Russie a frappé fort dans le communiqué publié le 3 août (après la promulgation des sanctions par le Président Trump le 2 août) puisqu’une résidence et un entrepôt utilisés par l’ambassade n’auront plus le droit d’accueillir du personnel américain dès le 1er août. Cette restriction s’accompagne également d’une réduction drastique des effectifs puisque ce sont 755 diplomates américains qui devront quitter le pays d’ici le 1er septembre. Cette baisse importante ramènerait le nombre de personnes travaillant au sein des différentes missions américaines dans le pays à 455.

*Sources: AFP, Reuters, Sputnik, RT.com, le Monde, France 24, Europe 1, Diana Johnstone, 

 

 

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