Préambule: Les négociations sur la sempiternelle question de Chypre restent dans l’impasse. Au terme de trois jours de réunion à Genève en Suisse ayant lieu en Avril 2021, les dirigeants chypriotes grecs et turcs n’ont pas réussi à trouver de terrain d’entente sur le statut de l’île divisée depuis 1974. Le chef de l’ONU a lui-même conduit les pourparlers informels. Il a reconnu cet échec tout en appelant à reprendre les discussions d’ici deux ou trois mois.
Au cours des négociations à Genève, tous les espoirs d’une solution basée sur les paramètres convenus (qui ont été construits principalement grâce aux concessions de la partie grecque) ont été brisés, visant de construire un État fonctionnel dans les années à venir au sein de l’Union Européenne.
Plus précisément, la politique de repli s’est avérée être une politique de misère et d’accumulation d’échecs sans qu’un accord apportant une solution mutuellement acceptable n’ait pu être trouvée. Les politiciens qui ont insisté pendant des années sur le fait que “grâce aux pourparlers, nous allons sortir gagnants et que si la Turquie présente des propositions inacceptables, cette dernière, sera tenue responsable par l’ONU”, préfèrent adopter le silence comme une réponse.
Le pire de tout, c’est qu’ils refusent encore d’admettre la nouvelle réalité. Ainsi, ils sont obligés de s’attendre à la bonne attitude du régime « islamo-fasciste » qui est au pouvoir en Turquie et de son représentant dans les territoires occupés par la Turquie … à qui on doit faire des nouvelles concessions pour « coincer » ainsi la Turquie, selon cette logique.
Cependant, en niant le fiasco d’échec des négociations, ils sont en désaccord avec le constat de la grande majorité des citoyens. Parmi ces négateurs de la réalité, on trouve des politiciens «recrutés» par l’ancienne et de la nouvelle génération qui ont adopté la politique de la misère (ils ont trahi leurs promesses et leurs électeurs en appauvrissant la société au profit d’une petite caste corrompue ) et des concessions qui nous a amené à un pas avant d’adopter la «solution» proposée par la Turquie avec laquelle même une grande partie des Turcs-Chypriotes est en désaccord.
Un exemple typique de ce mode opératoire, est le chef du parti au pouvoir, qui a « cloué la République de Chypre sur son dos », insistant pendant lés négociations pour que nous acceptions l’égalité politique avec les Chypriotes turcs, alors que cela a été convenu depuis 1991 sur la base de spécifications, pour arriver à une solution totale du problème chypriote, comme cette dernière a été prescrite par l’ONU et non par les prétentions de la Turquie.
La résolution spécifique du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui n’est actuellement qu’un prétexte des Turcs pour revendiquer l’ « égalité politique » ayant comme but ultime la « coopération entre les deux États » est apparue être le gros problème car celle-là doit être mise en place dans un contexte global d’une solution au problème de la question chypriote. En même temps, les autres décisions et résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies appelant au retrait des troupes turques et au retour des réfugiés dans leurs foyers dans des conditions de sécurité, ont disparu.
Ainsi, la Turquie a obtenu un «avantage» à Genève, faisant de la question chypriote un problème de coexistence des deux communautés et non pas principalement « un problème d’occupation et de colonisation illégales » au sein d’un État membre de l’Union Européenne.
Dans les semaines à venir, les Britanniques et les Turcs vont essayer de constituer un « point de rencontre » qui trouvera bien sûr une réponse positive de la part des politiciens de la misère à Chypre pour commencer à vendre leur nouveau point de vue sur la question chypriote. Les politiciens de la misère refusent de se rendre compte que leur politique qui vise à faire davantage pression et exercer davantage de contraintes sur le peuple chypriote afin qu’ils fassent de nouvelles concessions permet à la Turquie de demander constamment plus.
Il est temps pour les citoyens d’agir ! Soit nous acceptons le résultat de la politique de misère avec une “solution de partenariat à deux États” basée sur la rhétorique turque ayant un contenu déguisé qui vise à éliminer la République de Chypre pour rendre la Turquie souveraine à Chypre, soit nous procédons à une politique anti-occupation rationnelle pour constituer un état fonctionnel au sein de l’UE, avec un respect d’alignement sur l’acquis communautaire pour tous les citoyens de la République de Chypre. La légalisation de l’occupation et de la colonisation sera le début d’un nouveau problème chypriote, celui qui va mettre les Chypriotes grecs et turcs dans une voie d’élimination.
Par M. Costas Mavrides. M. Mavrides est député européen chypriote au sein de la famille de l’‘Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) . Il est également Président de la Commission Politique pour la Méditerranée. costas.mavrides@europarl.europa.eu